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Virulangues

Mai 2020

C’est comme ça depuis le début du confinement, je n’arrive plus à me concentrer. Je ne sais pas où donner de la tête entre les (longues) conversations par téléphone, les rendez-vous sur Zoom pour voir les amis, fêter Pessah en famille, faire de la gym ou encore pour fabriquer ce (dernier) numéro de Points Critiques, la lecture des journaux, des mails, des WhatsApp, Messenger, Facebook (avec modération), Twitter, Instagram, et le décryptage des statistiques et autres nouvelles viru(s)lentes quotidiennes. Sans compter la présence 24 heures sur 24 de mon amoureux qui me sauve sûrement par sa présence intelligente et aimante du basculement dans le délire et la dépression (soyons prudente, il risque de lire ma chronique…). Une amie à qui je confiais mon désarroi, m’a conseillé de « sculpter » mon temps. C’est joliment dit,  mais avec moi, ça ne marchera pas, je n’ai jamais été très douée en arts plastiques. Je préfère les mots et justement je voulais vous parler de ces mots qui ont émergé depuis l’apparition du virus, et qui se répandent aussi vite que le virus en question.

J’en ai listé quelques dizaines. Il y en a de toutes sortes, des scientifiques, des statistiques, des sympathiques, des symptomatiques, des asymptomatiques, des drôles, des moins drôles, voire carrément paniquants.

Prenons d’abord les mots (et les maux) de la médecine: à commencer par ‘Coronavirus’ et ‘Covid-19’. C’est quoi la différence? Le premier c’est le virus, et le deuxième la maladie.  Vous pouvez très bien être ‘porteur’ du premier sans développer la maladie, vous êtes alors ‘porteur asymptomatique’. ‘Asymptomatique’, un mot qui vous fait rêver ces temps-ci,  car vous avez compris intuitivement, que ça implique que vous avez fabriqué des anticorps qui vous protègent de la maladie, sans même avoir été malade. Eh bien, détrompez-vous, rien n’est moins sûr, ça pourrait même se révéler ‘contre-intuitif’!  Par contre, ce qui est sûr, c’est qu’en tant que ‘porteur asymptomatique’ vous contaminez sans le savoir d’autres personnes, ça vaut aussi pour les personnes ‘présymptomatiques’. Pour le savoir, il faut ‘tester’. ‘Tester’ est un mot qui à la question récurrente, « quand? » est accompagné invariablement de « dans quelques jours », ou même « dans quelques semaines ». Ça vaut aussi pour le mot ‘masque’. Mais là, on entre dans le domaine du politique.

Les mots politiques sont: ‘Première Ministre’, ‘pouvoirs spéciaux’, ‘première ligne’, ‘personnes à risque’, ‘Prenez soin de vous’ (qui se traduit en Flandre par ‘Blijf in uw kot’). Vous remarquerez qu’ils commencent tous par p, le p de politique, ce qui ne veut pas dire que c’est le cas pour tous les mots politiques; prenez par exemple ‘retour à la normale’, ou si on veut ‘à l’anormale’, et bien sûr le ‘confinement’ et son ‘déconfinement’, ‘distanciation sociale’, etc.. De même, tous les mots en p ne sont pas politiques, comme par exemple ‘Pangolin’, ‘patient zéro’, ‘papier WC ‘et ‘Pourquoi-le-papier-WC?’. Ce dernier n’a jamais reçu de réponse convaincante. Il faut dire que les experts sont occupés ailleurs pour le moment.

Alors, les mots des experts

Ce sont souvent des chiffres, en courbes et en diagrammes; courbes ascendantes, descendantes, rampantes, paniquantes, renversantes et inversées. Malheureusement, elles sont souvent ‘exponentielles’, tout en étant ‘ascendantes’ (celles –paniquantes- du début de la progression de la maladie). À un moment donné, elles atteignent un ‘pic’, très attendu le pic, certains de ces pics atteignent des sommets (les morts en maison de repos par exemple). C’est grave mais l’avantage du pic c’est que ça descend après, ah zut! voilà un nouveau pic, oui ça arrive, la cause en est un certain ‘relâchement’ il y a deux semaines, mais « qui se fait sentir maintenant ».

Les économistes eux pensent ‘relance’, certains même ‘autrelance’, c.à.d. qu’il faut profiter de la crise pour changer radicalement de mode de production. D’autres se contentent de ce ‘moment keynésien’ (où l’état reprend ses droits en matière économique) pour préconiser un New deal, comme Roosevelt à l’époque, mais plus vert, ça s’appelle le Green deal. C’est-à-dire qu’on fait marcher la planche à billets pour financer des projets plus ou moins écologiques, plus ou moins durables. Pour ce faire, des ‘think thank’ réfléchissent à l’abri des regards, pour nous, mais sans nous. Certains (la Commission européenne pour ne pas la nommer) vont jusqu’à commander une étude sur la finance durable au groupe BlackRock, la multinationale américaine, première gestionnaire d’actifs au monde avec 6500 milliards de dollars d’actifs investis dans la finance, le pétrole, les énergies fossiles et l’armement…un vrai scandale!

Ce qui nous amène aux mots scandaleux.

‘Black Rock’ (voir ci-dessus), ‘appels aux dons’, ‘origamis’ ou comment nous faire payer la négligence, le manque de vision, le cynisme des politiques sanitaires néolibérales qui ont fait systématiquement des économies dans tout ce qui est services publics et plus particulièrement dans le secteur de la santé, sans compter les grands groupes privés (encore BlackRock) qui ont investi en masse dans des maisons de repos de luxe tout en économisant sur le personnel. On ne meurt pas qu’au CPAS.

Et, bien sûr…

Je terminerai par un mot sur la Flandre où des dizaines de nouveaux mots sont venus enrichir le vocabulaire du quotidien grâce à ces fameux mots valises qui n’existent pas en français. En voici quelques-uns, faciles à comprendre:  skyperinha, WhatsApperitieven, balkonbezoek, balkonsolidariteit, balkonversatie, Coronacoalitie, Coronakilo’s

Mais avant tout, ‘Prenez soin de vous’, à vous de voir si ça veut dire la même chose que ‘Blijf in Uw kot’.

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Pauvre Van Gogh!

Septembre 2017

Alle begin is moeilijk, dit-on. Parmi les débuts les plus difficiles, commencer un article est, me semble-t-il, de loin l’exercice le plus ardu. Vous l’aurez compris, comme d’habitude, on n’attend plus que ma chronique pour boucler ce numéro. Mais par où commencer? Les journées passent et rien ne vient. Comment me sortir de la torpeur estivale et faire monter l’adrénaline? En fait, il ne fait même pas chaud. Depuis plusieurs jours le ciel est gris et il pleut. Ça doit être ça qui me déprime. Je cherche des excuses? Mais oui, je vous le concède, je procrastine. Oui je sais, ce mot est difficile à prononcer. C’est à cause de ces r mal placés, un peu comme dans infarctus. Figurez-vous que j’en ai fait un récemment. Quoi? Un infarctus pardi! Enfin ce n’était pas un vrai infar, mais ce qu’on appelle un Takotsubo. Il a tout de l’infar mais ce n’en est pas un, (Trump dirait, « fake news ») car mes coronaires sont en parfait état. Aucune cause organique mais les mêmes symptômes: douleur aigüe et prononcée dans la poitrine irradiant jusque dans les mâchoires. Le cœur se contracte et prend la forme d’une jarre, celle que les Japonais utilisent pour attraper les poulpes, le Takotsubo. De là son nom. On n’en connaît pas la cause si ce n’est que cela intervient souvent après une rupture amoureuse, c’est pourquoi les Américains l’ont baptisé « broken heart syndrom », le syndrôme du cœur brisé. Personnellement je n’ai pas de chagrin d’amour, le mystère reste donc entier.

Mais donc, la procrastination. Je remets à demain ce que je devrais faire aujourd’hui. Est-ce à dire que je suis paresseuse? Eh bien non, bien au contraire! Selon le professeur Joseph Ferrari, de l’université DePaul de Chicago, le procrastineur n’est pas un je m’enfoutiste mais un perfectionniste. Il a peur de ne pas être à la hauteur et de passer pour un incapable. Le professeur Ferrari est bien placé pour le savoir, il est l’organisateur de la « Procrastination Research Conference » de Chicago. Vous vous rendez compte, toute une conférence pour se pencher sur mon problème! En procrastinant, j’anticipe en quelque sorte les critiques: « je sais ce n’est pas très bon, mais je m’y suis prise trop tard ». Mon père déjà m’avait exposé la situation quand je lui présentais de mauvais résultats scolaires « tu as le choix, ou tu es incapable ou tu es fainéante ». Le choix était vite fait. Depuis, je n’ai de cesse de prouver que je ne suis pas bête quitte à passer pour une fainéante, que je ne suis pas donc, c’est la faculté qui le dit. Et je ne suis pas la seule, loin s’en faut, 1 personne sur 5 procrastine et parmi les étudiants ce phénomène serait en croissance exponentielle.

Mais soit, je ne vais pas vous refaire, à moi toute seule, la conférence sur la procrastination de Chicago, j’ai trouvé ça le 1er août dans le Soir, en mal de copies je suppose. C’était juste avant que n’éclate le scandale des œufs contaminés. Après Publifin et le Samu social, on n’en est plus à un scandale près. Heureusement on a maintenant un nouveau gouvernement wallon et surtout un nouveau CDH. Depuis qu’ils sont alliés au MR, ils ont changé de discours, ce qui est normal pour un parti qui est « en même temps », pour reprendre une formule à la mode, à droite et en même temps à gauche. Prenez le mot « assistanat » par exemple, ça fait partie maintenant du vocabulaire du CDH, « mettre fin à l’assistanat » c’est de droite mais ça veut dire qu’ « il faut responsabiliser les allocataires sociaux (…) », qui serait plutôt à gauche, puisqu’on regarde le citoyen -que l’on « accompagne dans leur projet de vie »- « d’égal à égal » .

Mais, c’est de tout autre chose que je voulais vous parler en fait. Pendant les vacances j’ai passé quelque temps en Catalogne avec mon amoureux. On était pénards dans un petit village près de Gérone mais mon amoureux a voulu faire les soldes. Nous sommes donc partis une journée à Barcelone. Mal nous en a pris. C’était l’enfer. Des touristes partout et une chaleur torride. Barcelone a atteint un niveau tel de locations touristiques que des habitants se voient contraints de déménager. Dans certaines rues de Barceloneta (ancien quartier des pêcheurs, très populaire) on peut lire sur des affiches accrochées aux balcons « Bienvenue touriste, la location de vacances dans ce quartier détruit le tissu socio-culturel local et encourage la spéculation foncière, ce qui force les habitants à déménager. Bon séjour. »

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Mais bon, on était là pour les soldes et c’est comme ça que nous sommes tombés en arrêt devant la vitrine de Louis Vuitton, Passeig de Gracia, l’avenue Louise de Barcelone. Un petit sac ridicule trônait fièrement devant une reproduction géante du « Champs aux blés avec cyprès » de Van Gogh dont il semblait être le reflet. Cette petite chose –très laide- affichait un prix de 2100 euros. Rien que ça! Ce Van Gogh fait partie d’une série de 5 tableaux dont la Joconde, un Rubens, un Titien et un Fragonard, qui viennent orner quelques sacs Vuitton grâce aux efforts conjugués de l’artiste, l’américain Jeff Koons et de l’industrie de luxe LVMH, « leader mondial des produits de haute qualité » dont fait partie Vuitton. Les musées à qui appartiennent ces oeuvres participent également … aux bénéfices.

Voilà des gens qui ne sont pas des « assistés », mais des êtres responsables qui ont un projet de vie bien tracé. On ne peut pas en dire autant de Van Gogh qui a refusé de devenir marchand d’art, parce que l’art n’est pas une marchandise, et qui, toute sa vie, s’est fait assister sans vergogne par son frère et par le docteur Gauchet. Je ne me prononcerai pas sur la valeur artistique de ces objets (« de haute qualité » ne l’oublions pas). Même la laideur peut être artistique. Et puis Vuitton se veut une « marque transgressive » et Jeff Koons se targue d’être un artiste qui bouscule les codes de l’art. Pour lui, ces sacs ne sont pas de simples copies mais « une transcendance », « une célébration de l’humanité ». Le principal intéressé, Vincent Van Gogh, dont on peut dire avec le recul qu’il a pas mal bousculé les codes de l’art, n’est plus là pour donner son avis.

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Meh iêl Aentwaerpe…

Mai 2017

Vous vous souvenez peut-être du « Lange Wapper » (Wapp’r les amis, Wapp’r, pas Ouappeur), un projet de viaduc à deux étages et 18 bandes en pleine agglomération anversoise? J’en ai parlé dans une chronique, c’était en 2009[1]. A l’époque cela faisait 10 ans déjà qu’on planchait sur un projet de tracé sensé compléter le ring d’Anvers, cet entonnoir où s’engouffre tout le trafic entre les Pays-Bas et le Sud de l’Europe. La société civile anversoise avait exigé un referendum qui s’était prononcé contre le viaduc, ce 18 octobre 2009. Les habitants n’en voulaient pas de ce pont au-dessus de leurs quartiers et surtout de tout ce trafic et de ces particules fines à deux pas de leurs habitations. Il fallait enterrer tout ça et faire des tunnels. Trop cher et trop compliqué selon les politiques. C’était l’Oosterweel (d’après le nom d’un village disparu au Nord d’Anvers où devait passer le Lange Wapper) et rien d’autre, « Oosterweel en niets anders » selon eux. Ils ont tenu bon, les citoyens de Ademloos, stRaten-generaal et Ringland, ils ont conjugué leurs efforts, fait circuler des pétitions, introduit des recours, menacé les instances de procès. Ils ont fait des propositions, et pas que des tunnels, ils ont rêvé d’une autre ville, plus verte et plus saine. Ils ont finalement obtenu gain de cause, c’est décidé, il n’y aura pas de viaduc. Pas de tunnel non plus, mais un « overkapping », un recouvrement du ring. L’autoroute urbaine sera élargie mais recouverte de pelouses. Ou comment faire un tunnel sans creuser et d’une pierre deux coups: on enterre le trafic tout en créant une zone verte.

Anvers est une ville paradoxale, avec une extrême droite et une droite extrême très puissantes, mais également une résistance bien organisée, articulée et pugnace. C’est là que Charta 91 et son cordon sanitaire avaient vu le jour en 1991 dès la montée du Vlaams Blok. Depuis bientôt 20 ans, jamais le Vlaams Blok devenu Belang n’a réussi à accéder au pouvoir. La bataille de l’Oosterweel aura, elle, duré 12 ans. Pour se solder par une victoire. Une victoire que tout le monde essaie évidemment de s’approprier, Bart De Wever en tête, qui s’enorgueillit de cet accord tout en félicitant Manu Claeys, l’initiateur et figure de proue de stRaten Generaal[2]. Bart De Wever manie la stratégie communicationnelle comme nul autre. Parfois la manœuvre est un peu trop transparente, comme quand il s’empresse ce jeudi 23 mars 2017 d’organiser une conférence de presse avec le chef de la police pour annoncer un attentat alors que le malfrat (un trafiquant de drogues qui sévit entre Rotterdam et Anvers) vient à peine de traverser le Meir, l’artère piétonnière d’Anvers, à toute vitesse avec les militaires à ses trousses. Sans tuer ni blesser personne, ceci dit en passant, ce qui est quand même bizarre pour quelqu’un qu’on veut accuser de terrorisme. Le STR, le Snelle Respons Team, le dispositif antiterroriste anversois, l’a cueilli dans sa voiture où il s’était écroulé (certains disent même, endormi), terrassé par l’alcool (et pas par la police). Cela devient « grâce à la présence des policiers et des militaires, on a pu éviter le pire ».

« Meh iêl Aentwaerpe mor ni meh maaï « comme on dit à Anvers. Oui je sais les amis, pour vous c’est du Chinois! Vous ne croyez pas si bien dire, ça signifie-toujours en pur Aentwerps-: « meh alle Chineze mor ni meh’ den deze« . (Avec tous les Chinois mais pas avec moi). A Bruxelles on dirait « en ga geluuf da!« .

En yiddish: vos Noch! (et quoi encore?) ce qui nous amène à notre importante et ancienne communauté juive d’Anvers. Une communauté essentiellement composée de Juifs pieux mais aussi quelques autres plus « assimilés » tels qu’André Gantman. Pour preuve, cet ancien responsable communautaire juif est désormais chef de groupe N-VA au conseil communal d’Anvers. Car les liens entre les Juifs anversois et la N-VA semblent se resserrer depuis quelque temps, comme en témoigne ce voyage du Ministre de l’Intérieur Jan Jambon en Israël, invité au Homeland and Cyber Security Congress de Tel Aviv, une conférence internationale entièrement consacrée à la technologie sécuritaire, un domaine dans lequel sont passés maitre les Israéliens. Joods Actueel, la revue de la Communauté d’Anvers dirigée par l’inénarrable Michaël Freilich, en fait le récit, sous le titre évocateur « Michaël Freilich guide le ministre Jambon en Israël »[3] .

On peut y suivre également la méchante controverse qui a opposé le Forum des organisations juives de Flandre à Unia (ex-Centre pour l’égalité des chances), accusé de ne défendre qu’un seul groupe, les « allochtones », sans jamais prendre en compte les plaintes pour antisémitisme. Ça ne peut pas continuer ainsi, selon Joods Actueel et son rédacteur en chef qui espèrent que « des mesures seront prises pour mettre de l’ordre dans cette institution qui reçoit chaque année 7,8 millions d’euros des pouvoirs publics »[4].

Quelle aubaine pour la N-VA qui depuis longtemps cherche à museler Unia! Et, que dit Liesbeth Homans, la ministre de l’intérieur (N-VA) au gouvernement flamand?[5] « Unia est une institution publique qui est sensée défendre les intérêts de tous les citoyens. Elle reçoit pour ce faire 7,7 millions d’euros des autorités flamandes et fédérales. Je constate qu’elle ne remplit pas sa mission. Unia n’est pas neutre, ni objective. Elle ne défend qu’un seul groupe ». À 0,1 million d’euros près, exactement la même chose! « Meh iêl Aentwerpe mor ni meh maai », me dites-vous? Mais, bravo les amis! Vous avez tout compris.

[1] Referendum, in: Points Critiques n° 300, novembre 2009, 30-31. Voir aussi Anne Grauwels: Humeurs judéo-flamandes. Chroniques 2001-2011. Editions Ercée, 2012, 114-117

[2] Manu Claeys est écrivain, pendant 12 ans il s’est consacré entièrement à la cause, un roman et un essai sur l’art au 16ème siècle sont restés en rade.

[3] http://joodsactueel.be, consulté le 27 mars

[4] ibidem

[5] interview dans De Zondag du 26 février